Hôtel-Dieu (Nogent-le-Rotrou)

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L'Hôtel-dieu de Nogent-le-Rotrou est un ancien hospice, puis hôpital militaire et civil, construit entre le XVIIe et la moitié du XXe siècle. Il est situé à l'angle des rue de Sully et Gouverneur, à côté de l'église Notre-Dame.

Inscrit aux Monuments Historiques depuis 1992[1], il est totalement inoccupé depuis 2020[2], hormis le bâtiment au sud-est, devenu la maison de Santé. Néanmoins, la cour intérieure et le tombeau de Sully sont ouverts au public. Sa superficie est d'environ 4000m².

L'aile C de l'Hôtel-Dieu vue depuis la rue Gouverneur, en 2011

Histoire

L'Hôtel-Dieu fût fondé entre 1182 et 1190[1][3] par Rotrou IV, comte du Perche, avant son départ pour la Terre-Sainte[3], et son vassal le seigneur de Montdoucet. Elle fut rattachée à la paroisse de Notre-Dame-des-Marais. Une fontaine et un marché à proximité lui permettait de s'approvisionner en denrées essentielles[4]. A cette époque, Nogent-le-Rotrou est un lieu de passage sur le chemin vers Saint-Jacques-de-Compostelle[1].

La charte de fondation, datée de l'époque du départ du comte, expose les motifs qui l'engagèrent à élever cet asile. Voici le contenu de la Charte :

Au nom de la sainte et invisible trinité, moi, Rotrou, comte du Perche, et mes deux fils, Geoffroy et Guillaume, trésoriers de l'église de Tours, avons jugé convenable de transmettre à la postérité, par le témoignage de l'écriture, l'état des revenus de la Maison-Dieu de l'Aumône de Nogent, fondée pour le repos de l'âme de mon épouse Mathilde. Que tous sachent donc que moi, Rotrou, comte du Perche, ai donné à la susdite Maison-Dieu trois mesures de terre dans la paroisse de Saint-Aubin de Champrond, pour en jouir à perpétuité, franches et libres de toutes espèces de charges et redevances, comme j'en jouissais moi-même ; j'ai fait don au même établissement des églises d'Andiborne et de Gawberge. Cette charte est donnée à Nogent, l'an de N.S. 1190, le sixième du décès de la Comtesse Mathilde, époque du départ des rois et des barons pour Jérusalem.

Les deux églises étaient situées en Angleterre, dans le diocèse de Salisbury. ROTROU possédait dans ce royaume plusieurs riches domaines, qu'il tenait de ROTROU le Grand son père, fils de Béatrix de Roucy, proche parente du Comte de Salisbury.

Le gouvernement de l'hospice fut confié aux soins des religieux Augustins, le supérieur prenant le titre de maître. Un bienfaiteur céda, peu de temps après la fondation de la Maison-Dieu, le patronage de la cure de L'Hermitière et celui d'une grande portion de celle de Préaux.

L'hospice conserva pendant plus d'un siècle la jouissance des deux églises d'Angleterre. En 1290, Jean II, duc de Bretagne, comte de Richmond, Seigneur de Nogent-le-Rotrou, voulant en gratifier les religieux du couvent d'Aubrières, ordre de Fontevrault, s'engagea à payer 100 livres par an, en dédommagement des cessions, en attendant le don de biens équivalents.

En 1300, il reçu :

  • Une rente de 24 livres sur le monastère-prieuré de Moutiers-au-Perche.
  • La métairie des Touches à Brunelles;
  • La métairie de Valoré à Soizé;
  • La métairie de la Grange à Nonvilliers;
  • La métairie du Tertre à Coulonges-les-Sablons;
  • Les terres des Grandes et Petites Moutonnières à Saint-Germain-de-la-Coudre;
  • Le moulin du Bois à Saint-Victor-de-Buthon;

En septembre 1302, Jean II donna également par testament, 30 livres, cinq cents cottes ou habits de bure, et cinq cents paires de souliers, pour être distribuées aux pauvres de ses domaines du Perche et de L'Aigle[3].

À la fin du Moyen-Âge, il n'est encore composé que d’un puit, d’un jardin et de trois bâtiments au minimum encerclés de murs. Il accueille les malades, les indigents, les vieillards, les infirmes, les enfants abandonnés et orphelins[4].

Au XVIIe siècle, il était constitué d'une chapelle entourée de petites maisons indépendantes et séparées. En 1641, Maximilien de BÉTHUNE, duc de SULLY décide de s'y faire inhumer, en dehors de l'église, du fait de sa confession réformée. Rachel DE COCHEFILET, veuve du duc, fit alors élever un mausolée, couvert d'ardoise et agrémenté d'une branche de lys, qui abrite le tombeau et les priants, sculptés par BAUDIN. En 1643 fut commandée la construction du portail permettant d'y accéder.

De 1728 à 1732 fût construite la salle des hommes (aile A) à l'emplacement de la maison des Voûtes. A partir de 1772, la salle des femmes est élevée en contiguité. C'est dans ce bâtiment principal que fut placé l'oratoire particulier de l'hôtel-Dieu. L'aile B sur cour était occupée par la pharmacie et le dortoir des sœurs de Saint-Vincent de Paul, qui dirigeaient l'institution depuis 1672. Ce dernier fut agrandi en 1861.

En 1818 est créé un hospice pour vieillards, dit "hôpital des Bonshommes" (emplacement de l'aile C), entièrement reconstruit en 1861. Les travaux se poursuivirent jusqu'en 1866, sous la direction de l'architecte LEBART, pour augmenter d'un étage le corps principal et édifier un avant-corps à l'est pour les salles de bain alimentées en eau courante.

En 1868, élévation de la tourelle d'escalier sur la façade ouest.

Un hôpital militaire est créé en 1878, en partie dans l'aile D et dans l'aile sur rue.

En 1933, est construite une maternité dans un nouveau bâtiment à part (le plus à l'est)[1].

Dans les années 1950 est construite l'aile E de 744m²[5], dans le prolongement de l'aile A, accueillant un service de chirurgie ambulatoire[4].

En 2003, la maternité ferme ses portes, le bâtiment est abandonné.

En 2010, l'activité de chirurgie et le centre de périnatalité sont déplacés au centre hospitalier Avenue de l'Europe.

A partir de 2014, l'ancienne maternité est rénovée afin d'accueillir la maison de santé en 2017[4].

L'aile E est finalement démolie par la mairie en avril 2018 pour des raisons esthétiques, dans le cadre du plan Action Coeur de Ville[5].

Le 15 juin 2020, le SSIAD, dernier service présent au sein de l'Hôtel-Dieu, déménage dans les locaux de l'ancienne école Jean-Macé[2]. Les lieux sont totalement inoccupés depuis (à l'exception de l'ancienne maternité).

Photos

Hôtel-dieu

L'aile C de l'Hôtel-Dieu vue de derrière[6]
Les ailes C et D de l'Hôtel-Dieu vues depuis l'arrière[6]
Ancienne entrée de l'Hôtel-Dieu, donnant sur la rue de Sully[6]
Zoom sur le haut de l'ancienne entrée[6]
Extrait d'un plan aérien de l'Hôtel-Dieu, l'ancienne maternité est le bâtiment tronqué au sud-est[4]

Mausolée du duc de Sully

Le mausolée du duc de Sully, accolé à l'église Notre-Dame[6]
Plaque commémorative offerte à la ville par la comtesse de BÉTHUNE-SULLY en 1884[6]
Tombe de Sully, représentant le duc et sa femme en train de prier[6]
Zoom sur les statues de la tombe du duc de Sully[7]
Réplique de la tombe du duc de Sully, au château de Sully-sur-Loire dans le Loiret

Sources