« Fontaine Saint-Jean-Baptiste (Saint-Jean-Pierre-Fixte) » : différence entre les versions

De WikiPerche
(Page créée avec « '''La fontaine Saint-Jean-Baptiste''' est une fontaine de dévotion, dont l'époque de première utilisation reste inconnue. Selon l'Abbé ''FRET'', elle était réputée pour offrir de l'eau aux prétendues vertus, des croyances qui remonteraient au culte druidique. Elle est située en face de l'église Saint-Jean-Baptiste, au cœur du bourg de Saint-Jean-Pierre-Fixte.... »)
 
 
(7 versions intermédiaires par le même utilisateur non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
'''La fontaine Saint-Jean-Baptiste''' est une fontaine de dévotion, dont l'époque de première utilisation reste inconnue. Selon l'Abbé ''FRET'', elle était réputée pour offrir de l'eau aux prétendues vertus, des croyances qui remonteraient au culte druidique. Elle est située en face de l'[[Eglise Saint-Jean-Baptiste (Saint-Jean-Pierre-Fixte)|église Saint-Jean-Baptiste]], au cœur du bourg de [[Saint-Jean-Pierre-Fixte (commune)|Saint-Jean-Pierre-Fixte]].
'''La fontaine Saint-Jean-Baptiste''' est une fontaine de dévotion dédiée à Saint-Jean-Baptiste<ref>[https://www.saint-jean-pierre-fixte.fr/histoire ''Histoire de la commune'', site web de la commune de Saint-Jean-Pierre-Fixte] [[https://web.archive.org/web/20230701000000*/https://www.saint-jean-pierre-fixte.fr/histoire archive]]</ref>, abritant une statue de ce dernier. Elle est située en face de l'[[Eglise Saint-Jean-Baptiste (Saint-Jean-Pierre-Fixte)|église Saint-Jean-Baptiste]] et de la Mairie, au cœur du bourg de [[Saint-Jean-Pierre-Fixte (commune)|Saint-Jean-Pierre-Fixte]].


Sous l'Ancien Régime, de nombreux pèlerins s'y arrêtaient le 23 juin afin de récupérer l'eau miraculeuse.
== Histoire ==
L'époque de sa première utilisation reste aujourd'hui inconnue.


L'édicule, qui apparaissait déjà sur le cadastre de 1811, aurait été reconstruit en 1839 par un industriel dans le but d'exploiter la crédulité de la population et prolonger la superstition.<ref name=":0">[https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA28000286 Bourg : fontaine Saint-Jean-Baptiste, Plateforme Ouverte du Patrimoine, notice n°IA28000286, base merimee, Ministère de la Culture]</ref>
Selon l'Abbé ''FRET'', elle était réputée pour son eau aux prétendues vertus, des croyances qui remonteraient au culte druidique, donc à l'origine sans rapport avec la foi chrétienne.
 
Sous l'Ancien Régime, de nombreux pèlerins s'y arrêtaient le 23 juin, la veille de la Saint-Jean, afin d'y récupérer l'eau miraculeuse.<ref name=":0">[https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/IA28000286 Bourg : fontaine Saint-Jean-Baptiste, Plateforme Ouverte du Patrimoine, notice n°IA28000286, base merimee, Ministère de la Culture]</ref>
 
Certains visiteurs achetaient directement de l'eau de la fontaine au curé de la paroisse, d'autres s'en versaient sur le corps ou uniquement sur la partie malade, et d'autres encore, dont la totalité du corps était malade, y trempaient une chemise avant de l'enfiler. Des mères y plongeaient même leur bébé malade tout nu dans l'eau glacée, pensant qu'un miracle aurait lieu.<ref>''Histoire des villes de France'', Volume 3, <u>Aristide Guilbert</u>, page 436</ref>
 
En 1934, face à un nombre conséquent de décès infantiles, le Docteur ''ROBBE'' dénonça ces dangereuses mœurs dans ''La Gazette des Hôpitaux de Paris'' :
 
"''Il existe dans es environs (Nogent-le-Rotrou) une fontaine dite du Bon Saint-Jean, véritable piscine, renommée pour ses miracles. C'est la panacée universelle, le remède à tous maux. Malgré sa grande réputation, on peut établir toutefois qu'elle produit plus de maladies qu'elle n'en guérit véritablement. En effet, à une certaine époque de l'année, on voit arriver de toutes parts une foule de nourrices, qui viennent plonger dans ses eaux glacées leurs enfants au maillot. Par cela même qu'ils ont le corps couvert de gourme, on peut croire que, de cette immersion froide, il doit résulter souvent la rétrocession subite de cet exhantème, et, par la suite, des maladies graves qui entraînent la mort de plusieurs d'entre eux. Je n'ai point l'intention de dérouler ici le chapitre des accidens occasionés par le fanatisme aux crédules habitans de nos campagnes.''"<ref>Extrait du journal ''Le Nogentais'' du dimanche 26 janvier 1834, avec son orthographe d'origine</ref>
 
Ces pratiques furent interdite 1844 par un arrêté sous-préfectoral, suite à la pression exercée par Messieurs ''LEPERQ'', ancien pédiatre à l'assistance publique de Paris, et ''MORIN'', ancien notaire et avocat. La tradition sera toujours d'actualité jusqu'en 1848, lorsque M. ''MORIN'' devint sous-préfet et prit les mesures nécessaires pour la stopper définitivement<ref>[https://doi.org/10.3406/rhef.1946.3022 ''Croyances populaires et médecine supranaturelle en Eure-et-Loir au XIXe siècle'', Revue d'histoire de l'Église de France, <u>Ernest Sevrin</u>, tome 32, n°121, 1946. page 268]</ref>. Cela fera l'objet de l'affaire de la vipère noire et de la fontaine miraculeuse, relatée par la presse locale<ref>''Affaire de la vipère noire et de la fontaine miraculeuse,'' Journal ''Le Nogentais'', dimanche 23 février 1845</ref>.
 
L'édicule, qui apparaissait déjà sur le cadastre de 1811, aurait été reconstruit en 1839 par un industriel dans le but d'exploiter la crédulité de la population et prolonger la superstition<ref name=":0" />.


== Architecture ==
== Architecture ==
La fontaine consiste en un édicule similaire à celui d'un puit en terme de dimensions, avec un plan carré terminé en demi-cercle à l'arrière, une ouverture en plein cintre donnant accès à la fontaine, et un toit à longs pans et à croupe ronde fait de tuiles plates. Il est construit en moellons de calcaire couvert d'un enduit à pierre vue à l'exception du pignon en pierre de taille calcaire que couronne une croix.<ref name=":0" />
La fontaine consiste en un édicule aux dimension similaires à celles d'un puit, avec un plan carré terminé en demi-cercle à l'arrière, une ouverture en plein cintre donnant accès à la fontaine, et un toit à longs pans et à croupe ronde fait de tuiles plates. Il est construit en moellons de calcaire couvert d'un enduit à pierre vue à l'exception du pignon en pierre de taille calcaire que couronne une croix.<ref name=":0" />
 
== Photos ==
[[Fichier:St Jean Pierre Fixte - Fontaine Saint-Jean.jpg|centré|vignette|612x612px|La fontaine Saint-Jean-Baptiste<ref name=":1">Image wikipedia</ref>]]
[[Fichier:St Jean Pierre Fixte - Sculpture Saint-Jean.jpg|centré|vignette|Intérieur de l'édicule de la fontaine Saint-Jean-Baptiste<ref name=":1" />]]


== Sources ==
== Sources ==

Dernière version du 29 janvier 2024 à 00:12

La fontaine Saint-Jean-Baptiste est une fontaine de dévotion dédiée à Saint-Jean-Baptiste[1], abritant une statue de ce dernier. Elle est située en face de l'église Saint-Jean-Baptiste et de la Mairie, au cœur du bourg de Saint-Jean-Pierre-Fixte.

Histoire

L'époque de sa première utilisation reste aujourd'hui inconnue.

Selon l'Abbé FRET, elle était réputée pour son eau aux prétendues vertus, des croyances qui remonteraient au culte druidique, donc à l'origine sans rapport avec la foi chrétienne.

Sous l'Ancien Régime, de nombreux pèlerins s'y arrêtaient le 23 juin, la veille de la Saint-Jean, afin d'y récupérer l'eau miraculeuse.[2]

Certains visiteurs achetaient directement de l'eau de la fontaine au curé de la paroisse, d'autres s'en versaient sur le corps ou uniquement sur la partie malade, et d'autres encore, dont la totalité du corps était malade, y trempaient une chemise avant de l'enfiler. Des mères y plongeaient même leur bébé malade tout nu dans l'eau glacée, pensant qu'un miracle aurait lieu.[3]

En 1934, face à un nombre conséquent de décès infantiles, le Docteur ROBBE dénonça ces dangereuses mœurs dans La Gazette des Hôpitaux de Paris :

"Il existe dans es environs (Nogent-le-Rotrou) une fontaine dite du Bon Saint-Jean, véritable piscine, renommée pour ses miracles. C'est la panacée universelle, le remède à tous maux. Malgré sa grande réputation, on peut établir toutefois qu'elle produit plus de maladies qu'elle n'en guérit véritablement. En effet, à une certaine époque de l'année, on voit arriver de toutes parts une foule de nourrices, qui viennent plonger dans ses eaux glacées leurs enfants au maillot. Par cela même qu'ils ont le corps couvert de gourme, on peut croire que, de cette immersion froide, il doit résulter souvent la rétrocession subite de cet exhantème, et, par la suite, des maladies graves qui entraînent la mort de plusieurs d'entre eux. Je n'ai point l'intention de dérouler ici le chapitre des accidens occasionés par le fanatisme aux crédules habitans de nos campagnes."[4]

Ces pratiques furent interdite 1844 par un arrêté sous-préfectoral, suite à la pression exercée par Messieurs LEPERQ, ancien pédiatre à l'assistance publique de Paris, et MORIN, ancien notaire et avocat. La tradition sera toujours d'actualité jusqu'en 1848, lorsque M. MORIN devint sous-préfet et prit les mesures nécessaires pour la stopper définitivement[5]. Cela fera l'objet de l'affaire de la vipère noire et de la fontaine miraculeuse, relatée par la presse locale[6].

L'édicule, qui apparaissait déjà sur le cadastre de 1811, aurait été reconstruit en 1839 par un industriel dans le but d'exploiter la crédulité de la population et prolonger la superstition[2].

Architecture

La fontaine consiste en un édicule aux dimension similaires à celles d'un puit, avec un plan carré terminé en demi-cercle à l'arrière, une ouverture en plein cintre donnant accès à la fontaine, et un toit à longs pans et à croupe ronde fait de tuiles plates. Il est construit en moellons de calcaire couvert d'un enduit à pierre vue à l'exception du pignon en pierre de taille calcaire que couronne une croix.[2]

Photos

La fontaine Saint-Jean-Baptiste[7]
Intérieur de l'édicule de la fontaine Saint-Jean-Baptiste[7]

Sources

  1. Histoire de la commune, site web de la commune de Saint-Jean-Pierre-Fixte [archive]
  2. 2,0 2,1 et 2,2 Bourg : fontaine Saint-Jean-Baptiste, Plateforme Ouverte du Patrimoine, notice n°IA28000286, base merimee, Ministère de la Culture
  3. Histoire des villes de France, Volume 3, Aristide Guilbert, page 436
  4. Extrait du journal Le Nogentais du dimanche 26 janvier 1834, avec son orthographe d'origine
  5. Croyances populaires et médecine supranaturelle en Eure-et-Loir au XIXe siècle, Revue d'histoire de l'Église de France, Ernest Sevrin, tome 32, n°121, 1946. page 268
  6. Affaire de la vipère noire et de la fontaine miraculeuse, Journal Le Nogentais, dimanche 23 février 1845
  7. 7,0 et 7,1 Image wikipedia