Arcisses (abbaye)

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L'Abbaye Notre-Dame-du-Val-d'Arcisses, était un monument religieux fondé au XIe siècle, sous l'ordre de St. Benoît, située dans la vallée de l'Arcisses, à environ 2 km du bourg de Brunelles.

Il ne subsiste aujourd'hui que le moulin, la porterie, ainsi que les statues de St. Benoît, et de Ste. Scholastique, sa sœur.[1] Ces dernières ont été transportées dans l'église de Margon (placées autour de l'autel).[2]

Plan de l'Abbaye d'Arcisses[3]

Histoire

Du prieuré à l'abbaye

L'institution est fondée vers 1115 par Bernard de Thiron, grâce au don du comte Rotrou III d'un manoir à l'abbaye de Thiron. Elle commence comme un modeste prieuré avec une chapelle et une métairie, sous l'invocation de St. Vincent.

Entre 1120 et 1130 les moines d'Arcisses creusèrent le Canal d'Arcisses, ouvrage permettant d'alimenter les moulins de Nogent-le-Rotrou à partir des eaux du ruisseau éponyme.[4]

Le 8 septembre 1225, le comte du Perche Guillaume de Bellême, également évêque de Châlons en Champagne, élève le prieuré au rang d'abbaye sous le titre de Notre-Dame du Val d'Arcisses. Cette fondation est généreusement dotée pour permettre la construction d'une église et de bâtiments conventuels dignes de ce nom.

Au fil des siècles, l'abbaye connaît des périodes de prospérité et de déclin. En 1547, après avoir vu se succéder 18 abbés, elle tombe en commende, une pratique où les revenus de l'abbaye sont attribués à un abbé commendataire, souvent absent, ce qui marque le début de son déclin. Les guerres de Religion et les troubles du XVIe siècle affectent durement l'abbaye, réduisant la communauté à seulement deux moines en 1617.[5]

La transformation en abbaye de religieuses

Face à cette situation désespérée, l'abbé Philippe de Blavette accepte une proposition de transformation de l'abbaye en un couvent de moniales (sœurs bénédictines), soutenue par le baron Denis de Riants, alors seigneur de Villeray, et son épouse Louise de Blavette. Leur fille, Françoise de Riants, devient la première abbesse de la nouvelle communauté de religieuses en 1627.

La transformation en abbaye de religieuses ouvre une période de relative sérénité. Pour l'anecdote, certaines des sœurs étaient originaires d'Irlande.

Françoise de Riants et ses successeurs, comme Jeanne de Chaumont, travaillent à la restauration et à l'entretien des bâtiments. À partir du 25 novembre 1667, de gros travaux de réparation sont entrepris, notamment sur l'église et les bâtiments agricoles, pour un coût important. Des travaux de pavage, de carrelage, de couverture et d'enduit sont réalisés. Plus de 50 000 pavés et 5 000 tuiles sont posés, 17 000 clous sont utilisés, des poutres et des portes sont remplacées. La porte de la basse-cour (actuelle porterie) est munie d'une toiture.

Malgré ces efforts, les difficultés financières persistent, avec des revenus annuels insuffisants pour couvrir les dépenses croissantes.[5]

L'abbaye dans la tourmente

Au XVIIIe siècle, les problèmes s'aggravent. Les bâtiments, constamment exposés à l'humidité et aux intempéries, nécessitent des réparations coûteuses. Le 12 mars 1727, l'abbesse Jeanne Françoise Rossignol sollicite l'aide de la commission des secours, nouvellement instaurée par un arrêt du Conseil d'état du 19 avril 1727, pour financer des travaux urgents. Malgré les efforts de gestion et les aides ponctuelles, la situation financière de l'abbaye reste précaire.

Les derniers espoirs de sauvetage de l'abbaye reposent sur Jeanne-Baptiste de Lubersac, qui tente en 1784 de mener à bien des réparations majeures. Cependant, la Révolution française met un terme définitif à ces efforts.

Le 2 novembre 1789, les biens de l'église sont mis à disposition de l'État afin d'être vendus comme biens nationaux.

En février 1790, un décret de l'Assemblée nationale supprime les vœux monastiques solennels. Le 15 juin de la même année, le Maire de Brunelles accompagné d'élus et du procureur de la commune, rend visite aux sœurs pour se faire remettre les comptes, procéder à l'inventaire des biens, et recueillir les décisions des religieuses.

En 1792, lorsqu'une nouvelle visite est effectuée, les religieuses ont quitté l'abbaye. Une partie du mobilier sera déplacée dans les églises des communes voisines[6]. Le sort des bâtiments est incertain, mais l'abbaye reste dans les mémoires des Percherons pour son rôle historique et son héritage.[5]

Reconversion en pisciculture

Au XXe siècle, la pisciculture Gau s'installe sur le site, profitant de l'abondance de truites dans les ruisseaux alentours (notamment La Cloche) pour en faire un élevage. Des bassins d'alevinage, dont il n'y a plus de traces visibles aujourd'hui, y avaient été creusés.

Le Moulin d'Arcisses

Le moulin d'Arcisses est mentionné pour la première fois au milieu du XVIe siècle. À cette époque, un bail pour une maison située près du moulin est signé par un prieur de la Madeleine de Réno, dans l'Orne, qui dépendait de l'abbaye bénédictine de Thiron, au profit de l'abbé d'Arcisses.

En 1784, Pierre Fortin, un expert de Nogent-le-Rotrou, est mandaté pour évaluer les réparations nécessaires à l'abbaye et ses dépendances. Lors de sa visite, il décrit le moulin, dont les deux bâtiments — l'un servant de moulin et l'autre de logement pour le meunier — semblent dater des XVIe ou XVIIe siècles. Les ouvertures du logis ont été agrandies au cours de la seconde moitié du XIXe siècle.

Après l'arrêt de son activité, le moulin a été restauré dans la seconde moitié du XXe siècle, marquant ainsi une nouvelle phase de son histoire[7].

Il est bâti en pierre de taille, en grès, et en calcaire.[8]

La Porterie

La Porterie est le seul bâtiment encore existant aujourd'hui (en dehors du moulin), dont les pignons sont accolés de bâtis destinés à gauche au logement des personnes chargées de veiller aux entrées, et à droite, de bâtis destinés à l'habitation et aux animaux - se compose en façade principale d'un rez-de-chaussée dont le soubassement est en pierre de taille de grès ferrugineux et moellon de grison, scellés par un joint épais.

La porte charretière et la porte piétonne surmontées d’arcs ogivaux reposent sur des piédroits en grès. L'étage carré possède un oculus (œil de bœuf) et une baie modifiée dont l'encadrement est surmonté d’un larmier orné d'un seul culot en demi-cercle et des piédroits moulurés . Le toit à longs pans et à croupes est souligné d'une corniche en quart-de-rond (évocation du XVIᵉ siècle).[1]

Les bâtiments situés à proximité de la porterie ont été reconstruits à la fin du XIXe siècle ou au début du XXe siècle, lors de la transformation de l'édifice en ferme. De nos jours, la propriété est séparée en deux maisons.[6]

La ferme d'Arcisses, autrefois entrée du prieuré. Dessin de Georges MASSIOT, 1958.

Sources