Eglise Saint-Aubin (Champrond-en-Perchet)

L’Église Saint-Aubin de Champrond-en-Perchet est une ancienne église paroissiale en ruine du XI^e ou XII^e siècle, qui était rattachée à l'abbaye Saint-Denis de Nogent-le-Rotrou. Elle est située au lieu-dit Le Petit Champrond près de La Cour aux Guillers, aux abords d'un chemin communal.

Elle était autrefois entourée d'une muraille et d'un cimetière.

L’édifice a été renové en 2012-2013 par des bénévoles de l'association de Mise en Valeur du Patrimoine de Brunelles et Champrond-en-Perchet (MVPBC) et est interdit d'accès depuis suite à des actes de dégradation.

Ruines de l'église Saint-Aubin, Novembre 2023

Histoire

Cette ancienne église romane daterait du XI^e ou XII^e siècle, selon Jousset de Bellême, comme l'attesteraient les petites baies en plein cintre et les restes de polychromie mis à au jour de la démolition partielle de l'édifice.

En 1035 ou en 1051 en fonction de la source, elle aurait été donnée par Geoffroy II à l'abbaye Saint-Denis de Nogent-le-Rotrou dont les moines avait une grande influence.

Gravure de A. JUBAULT, représentant l'église Saint-Aubin de Champrond-en-Perchet, Octobre 1877 (Archives communales de la commune).

Au XV^e ou XVI^e siècle, on y construit le chœur, probablement commandité par les seigneurs de Brunelles ou de Champrond, dont les armoiries, aujourd'hui disparues, étaient visibles sur l'une des poutres.

En 1803, la paroisse de Champrond-en-Perchet fusionne avec celle de Brunelles, l'église n'est alors plus utilisée, et elle commencera à tomber en ruine vers 1830 par manque d'entretien.

Le 26 août 1832, les membres du conseil de la fabrique de Brunelles, propriétaire du lieu, se réunissent pour décider du sort de l'église de Champrond, dont l'état se dégrade de jour en jour. Il est alors demandé au préfet du département l'autorisation de réutiliser les débris de l'édifice ainsi que les ormeaux plantés dans son cimetière, afin d'agrandir la sacristie de l'église de Brunelles, jugée trop petite pour son usage.

Le 8 Juin 1833, elle est vendue aux enchères par la fabrique aux habitants de Champrond, qui la rachètent pour 500 francs au moyen d'une contribution volontaire. Les nouveaux propriétaires souhaitent en faire don à la commune pour la restaurer. Mais le projet ne verra jamais le jour, faute de moyens financiers.

Le 12 septembre 1833, le conseil municipal de Champrond-en-Perchet propose la vente aux enchères de cinq ormes du cimetières et de quelques pieds de paumiers pour une valeur de 270 francs, afin de financer les réparations urgentes de l'église en ruine.

Le 12 Octobre 1833, le préfet d'Eure-et-Loir répond au conseil municipal que les réparations de l'église ne pourront avoir lieu que lorsque la commune aura été autorisée à accepter la donation de l’édifice par les habitants. Il autorise par ailleurs le maire à vendre aux enchères les cinq ormes du cimetière, sous certaines conditions.

Le 10 Février 1834, la donation de l'église est autorisée par ordonnance royale.

Le 6 Septembre 1834, le sous-préfet de Nogent-le-Rotrou intervient auprès du préfet en faveur des habitants de Champrond, soulignant l’intérêt d'un impôt extraordinaire pour financer les travaux : "...Outre la vente des ormes du cimetière, on espère obtenir des rabais sur le montant du devis. Les principaux cultivateurs se sont offerts pour transporter gratuitement les matériaux nécessaires aux réparations. En votant une imposition de 200F, le conseil et les plus imposés ont eu pour but de trouver les moyens de payer d'abord les réparations de la toiture..."

Le 8 Janvier 1835, le ministre de l'intérieur interpelle le préfet d'Eure-et-Loir sur sa décision d'autoriser la donation de l'édifice à la commune, qui est dépassée financièrement : "...Le don (de l'église) fait à la commune est-il vraiment irrévocable ?.. Par ailleurs, le comité de l'intérieur du Conseil d'Etat voit avec déplaisir une commune dont les ressources ordinaires sont déjà dépassées de beaucoup par les dépenses, se préparer de nouvelles charges pour la célébration du Culte... La célébration du culte à Champrond est-elle tellement indispensable pour mériter une imposition extraordinaire ?... De toute façon, l'imposition ne pourra être autorisée qu'après que l'église de Champrond-en-Perchet aura été érigée en annexe"

Le 21 Janvier 1835, le préfet répond au Ministre de l'intérieur : "La commune de Champrond sait que le service du Culte doit continuer à se faire dans l'église de Brunelles à laquelle elle a été réunie. Elle voudrait seulement convertir en chapelle ce qui reste debout de l'église rachetée ; c'est dans ce but qu'elle a voté l'imposition que j'ai eu l'honneur de vous soumettre ; refuser d'approuver ce vote serait blesser dans la généralité des habitants un sentiment religieux qui n'a rien que de respectable ; L'empressement que les habitants ont mis à contribuer au rachat, soit à prendre l'engagement de faire des approches de matériaux, prouve l'intérêt qu'ils attachent à la conservation de cette église..."

Le 21 Mars 1835, le sous-préfet de Nogent écrit au préfet d'Eure-et-Loir : "Pour pouvoir réédifier en chapelle les restes de l'ancienne église supprimée et pour pouvoir voter un impôt extraordinaire, il importe que l'église de Champrond soit érigée en annexe. C'est cette érection que demande avec insistance M. le Maire de Champrond au nom de sa commune... Le Sous-préfet demande quelles sont les pièces justificatives à fournir."

Le 23 septembre 1835, le préfet répond au sous-préfet pour suggérer la démolition du bâtiment et de son cimetière, inutilisés depuis plus de 70 ans et dont les ruines sont devenues dangereuses et onéreuses à restaurer.

Le 4 août 1907, dans le rapport du conseil municipal on peut lire : "Avis du commissaire enquêteur : "Il est avantageux et urgent que la commune réalise la vente des dits immeubles le plus tôt possible, car elle risquerait, je crois, de ne pas trouver de longtemps le prix qui lui est offert, vu l'état de ruine avancé dans lequel se trouvent ces immeubles, état qui ne fera que s'aggraver de jour en jour."

Le 27 Août 1907, l'édifice est revendu avec l'ancien cimetière pour 800 francs à Jousset de Bellême, qui le décrit comme une ruine sauvée, grâce à ses trois énormes poutres soutenant la voûte en bois. Il explique également qu'un "lavabo Renaissance" de l'église a été réemployé au château de Saint-Jean de Nogent-le-Rotrou.

En 2009, le propriétaire du terrain décède au Vietnam. Le conseil municipal songe alors à le racheter.

En 2010, le terrain est acquis par la commune afin de stabiliser les ruines et de les rendre visibles.

En 2012-2013, l'association Mise en Valeur du Patrimoine de Brunelles et Champrond-en-Perchet (MVPBC) y effectue des travaux de restauration : comblement de la crevasse à côté de la porte, étayage des fenêtres, pose d'un chaînage et réfection de la voûte de la porte

Architecture

L’Église comprend une nef unique, terminée par un chevet à trois pans. Quatre baies en arc brisé (deux au sud, deux au nord) et un oculus éclairaient la nef, accessible à l'ouest par une porte en arc brisé. Le chœur était éclairé par trois baies en arc brisé, et accessible de l'extérieur par une porte chanfreinée à linteau droit.

Six contreforts soutiennent toujours les vestiges. D'après les descriptions anciennes, une voûte en berceau surmontait l'édifice.

Les murs sont en moellons de calcaire couverts d'un enduit à pierre vue ; les encadrements des baies (ceux qui subsistent), les chaînages d'angle et les contreforts sont en pierre de taille de calcaire.

Le toit (entièrement détruit) était à longs pans et à croupe, couvert en tuile plate.