Fontaine Saint-Jean-Baptiste (Saint-Jean-Pierre-Fixte)

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La fontaine Saint-Jean-Baptiste est une fontaine de dévotion dédiée à Saint-Jean-Baptiste[1], abritant une statue de ce dernier. Elle est située en face de l'église Saint-Jean-Baptiste et de la Mairie, au cœur du bourg de Saint-Jean-Pierre-Fixte.

Histoire

L'époque de sa première utilisation reste aujourd'hui inconnue.

Selon l'Abbé FRET, elle était réputée pour son eau aux prétendues vertus, des croyances qui remonteraient au culte druidique, à l'origine sans rapport avec la foi chrétienne.

Sous l'Ancien Régime, de nombreux pèlerins s'y arrêtaient le 23 juin, la veille de la Saint-Jean, afin d'y récupérer l'eau miraculeuse.[2]

Certains visiteurs achetaient directement de l'eau de la fontaine au curé de la paroisse, d'autres s'en versaient sur le corps ou uniquement sur la partie malade, et d'autres encore, dont la totalité du corps était malade, y trempaient une chemise avant de l'enfiler. Des mères y plongeaient même leur bébé malade tout nu dans l'eau glacée, pensant qu'un miracle aurait lieu.[3]

En 1934, face à un nombre conséquent de décès infantiles, le Docteur ROBBE dénonça ces dangereuses mœurs dans La Gazette des Hôpitaux de Paris :

"Il existe dans es environs (Nogent-le-Rotrou) une fontaine dite du Bon Saint-Jean, véritable piscine, renommée pour ses miracles. C'est la panacée universelle, le remède à tous maux. Malgré sa grande réputation, on peut établir toutefois qu'elle produit plus de maladies qu'elle n'en guérit véritablement. En effet, à une certaine époque de l'année, on voit arriver de toutes parts une foule de nourrices, qui viennent plonger dans ses eaux glacées leurs enfants au maillot. Par cela même qu'ils ont le corps couvert de gourme, on peut croire que, de cette immersion froide, il doit résulter souvent la rétrocession subite de cet exhantème, et, par la suite, des maladies graves qui entraînent la mort de plusieurs d'entre eux. Je n'ai point l'intention de dérouler ici le chapitre des accidens occasionés par le fanatisme aux crédules habitans de nos campagnes."[4]

Ces pratiques furent interdite 1844 par un arrêté sous-préfectoral, suite à la pression exercée par Messieurs LEPERQ, ancien pédiatre à l'assistance publique de Paris, et MORIN, ancien notaire et avocat. La tradition sera toujours d'actualité jusqu'en 1848, lorsque M. MORIN devint sous-préfet et prit les mesures nécessaires pour la stopper définitivement[5]. Cela fera l'objet de l'affaire de la vipère noire et de la fontaine miraculeuse, relatée par la presse locale[6].

L'édicule, qui apparaissait déjà sur le cadastre de 1811, aurait été reconstruit en 1839 par un industriel dans le but d'exploiter la crédulité de la population et prolonger la superstition[2].

Architecture

La fontaine consiste en un édicule aux dimension similaires à celles d'un puit, avec un plan carré terminé en demi-cercle à l'arrière, une ouverture en plein cintre donnant accès à la fontaine, et un toit à longs pans et à croupe ronde fait de tuiles plates. Il est construit en moellons de calcaire couvert d'un enduit à pierre vue à l'exception du pignon en pierre de taille calcaire que couronne une croix.[2]

Photos

La fontaine Saint-Jean-Baptiste[7]
Intérieur de l'édicule de la fontaine Saint-Jean-Baptiste[7]

Sources

  1. Histoire de la commune, site web de la commune de Saint-Jean-Pierre-Fixte [archive]
  2. 2,0 2,1 et 2,2 Bourg : fontaine Saint-Jean-Baptiste, Plateforme Ouverte du Patrimoine, notice n°IA28000286, base merimee, Ministère de la Culture
  3. Histoire des villes de France, Volume 3, Aristide Guilbert, page 436
  4. Extrait du journal Le Nogentais du dimanche 26 janvier 1834, avec son orthographe d'origine
  5. Croyances populaires et médecine supranaturelle en Eure-et-Loir au XIXe siècle, Revue d'histoire de l'Église de France, Ernest Sevrin, tome 32, n°121, 1946. page 268
  6. Affaire de la vipère noire et de la fontaine miraculeuse, Journal Le Nogentais, dimanche 23 février 1845
  7. 7,0 et 7,1 Image wikipedia