Château Saint-Jean (Nogent-le-Rotrou)

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Le château Saint-Jean de Nogent-le-Rotrou, dit "Château des Comtes du Perche", est un monument historique témoignant du passé féodal de la ville. Il aurait été bâti au XIe siècle sous le règne du Comte Rotrou 1er. Il sert aujourd'hui de musée.

Histoire

Origines et fondation du château (XIe et XIIe siècles)

Vers 1028, Rotrou 1er, premier comte du Perche, établit son autorité sur la région et fonde le château Saint-Jean à Nogent-le-Rotrou. Ce premier château est une forteresse en bois, construite sur une motte castrale, une butte artificielle qui renforce sa défense. Sa position stratégique permet de surveiller la vallée et de contrôler les routes commerciales et militaires.

Sous Rotrou III (1090-1144), le château Saint-Jean connaît d’importantes transformations. Il remplace la structure en bois par une construction en pierre, beaucoup plus résistante aux attaques. Un donjon massif est érigé pour abriter le seigneur et ses proches en cas de siège. Il sert à la fois de résidence et de dernier refuge. Une enceinte fortifiée est ajoutée pour mieux protéger le site. Rotrou III joue également un rôle central dans les croisades et s’illustre par ses exploits militaires en Terre Sainte. Son engagement lui permet de renforcer ses alliances et d’apporter des influences architecturales nouvelles.

L’expansion capétienne et ses effets sur le Perche (XIIIe siècle)

En 1204, Philippe Auguste confisque la Normandie après l’avoir conquise sur Jean sans Terre, roi d’Angleterre. Cette victoire modifie profondément les équilibres de pouvoir et renforce le contrôle royal sur les seigneuries voisines. L’influence capétienne se fait sentir dans la région.

Pendant la guerre de Cent Ans (XIVe-XVe siècles)

Durant la guerre de Cent Ans (1337-1453), la région du Perche est régulièrement ravagée par les affrontements entre les Anglais et les Français. Le château change plusieurs fois de mains et subit des sièges et des occupations militaires.

Pour renforcer ses défenses, des remparts sont surélevés, et des archères sont aménagées pour améliorer la défense contre les archers ennemis.

En 1449, Jean de Dunois, compagnon de Jeanne d’Arc et fidèle soutien de Charles VII, s’empare de la ville et reprend le château aux Anglais. Cette victoire marque la fin de l’occupation anglaise dans la région.

L’évolution vers une résidence noble (XVe-XVIe siècles)

Après la guerre de Cent Ans, le château perd progressivement sa fonction strictement militaire et se transforme en résidence noble.

Sous l’influence des ducs d’Alençon, des modifications sont apportées pour améliorer le confort des habitants. Les fenêtres sont agrandies pour laisser entrer plus de lumière, des éléments décoratifs inspirés de la renaissances sont ajoutés, et les espaces intérieurs sont réorganisés afin de rendre la vie quotidienne plus agréable.

L’époque de Sully et l’adoucissement du château (XVIIe siècle)

En 1624, Maximilien de Béthune, duc de Sully, ancien ministre d’Henri IV, achète le château.

Sully, qui préfère la vie paisible aux intrigues de la cour, transforme le château en demeure seigneuriale plus confortable. Les pièces sont à nouveau réorganisées, et des jardins seront aménagés autour du château. Certaines structures défensives seront même démolies, car devenues inutiles en temps de paix.

Le château devient moins un bastion militaire et davantage un lieu de retraite aristocratique.

Le château pendant la Révolution française (1789-1799)

Durant la Révolution, le château est saisi comme bien national et devient la maison d'arrêt du district de Nogent. Le registre d'écrous du 16 Fructidor an VI au 16 Thermidor an VIII (septembre 1798 à août 1800) mentionne plus de deux cents arrestations soit pour fait de "chouannerie", ou pour désertion à la conscription obligatoire.

Les premières restaurations et la sauvegarde du château (XIXe siècle)

En 1810, suite à la mort du Comte d'Orsay, alors propriétaire du bien, le château est vendu à M. Mahin, Marchand de meubles à Paris, pour la somme de 9100 francs.

En 1825, alors en pleine période romantique, le château est remis en vente. La ville de Nogent avait pour projet de l'acquérir avec pour objectif de le transformer en asile. Faute de moyens, l'idée fut abandonné et il sera vendu pour 18000 francs à un dénommé Etiembe. Ce dernier souhaitait démolir le monument. Il abattit les tours de Brunelles et de Montdoucet, ainsi que les 92 ormeaux plantés par Sully. Face à la difficulté de détruire un tel édifice à la pioche et à la poudre, il arrêta les frais et loua la propriété à un dénommé Frétard, éleveur de porcs.

Victor Hugo visitera également le château, tel que mentionne une lettre écrite à sa femme du 9 juin 1836 :

Nous avons vu et visité à Nogent-le-Rotrou ce château qu'on voulait me vendre, il y a six à sept ans. Nanteuil en fait pour toi un croquis de souvenir pendant que je t'écris. L’extérieur du château est encore très beau et domine superbement un immense horizon de plaines ondulantes. L'intérieur n'est que délabrement

En octobre 1836, le château passe aux mains de Mme de Réset qui le revendit en 1839 au Comte de Bussy.

En 1843, le maire, Jean-Baptiste Massiot, propose que la ville se porte acquéreur du château. Mais c'est le premier adjoint, Œuillet des murs, qui acheta le monument dans l'intention de le restaurer. Il y fit beaucoup : ajout de fenêtres au rez-de-chaussée et agrandissement de celles du logis et des tours, raccord des tours d'entrée au donjon par un mur surmonté d'une galerie de mâchicoulis (rebouchant ainsi la "brêche des anglais" datant de la guerre de 100 ans), rétablissement des plafonds et des planchers...

En 1870, le château manque d'essuyer les tirs de canon des prussiens postés à Margon.

En 1885, le château est revendu au Dr Jousset de Bellême. Celui-ci œuvra pour la stabilisation des structures, la mise en valeur du site et sensibilisa les autorités locales à l’importance de sa conservation. Son engagement s’inscrit dans un contexte plus large de réhabilitation du patrimoine médiéval, où des intellectuels et historiens commencent à prendre conscience de la nécessité de protéger ces vestiges du passé. Il mettra d'ailleurs à jour un certain nombre de dessins et d'inscriptions gravés de façon primitive sur les murs du château, dont certains datent probablement du XVIe siècle.

Le château sous l'occupation nazie

En août 1940, l'armée allemande décide de faire du château un poste d'observation. M. Chauvin, Maire de Nogent, dû faire construire un escalier intérieur permettant d’accéder à une guérite installée en haut du donjon.

Le 11 août 1944 est hissé un drapeau Français au sommet du château pour sommer la libération de la ville.

La façade, touchée par plusieurs obus résista. Hélas, ce n'est pas le cas des toitures et des appartements qui furent totalement saccagés.

La restauration et la mise en valeur du château (XXe siècle à aujourd’hui)

Les héritiers de Jousset de Bellême vendirent le château à M. G. Massiot, petit fils de l'ancien propriétaire et maire de Nogent Jean-Baptiste Massiot. Il fonda les "Amis du Vieux Nogent" et travailla à faire inscrire le château aux monuments historiques.

En 1948, la toiture est partiellement remise en état.

En 1950, le château est acquit par la ville et des restaurations plus ambitieuses sont menées pour redonner au château son aspect médiéval d’origine.

En 1952, il est classé aux Monuments Historiques, ce qui permet d’assurer sa préservation et son entretien.

Aujourd’hui, le château Saint-Jean est un site culturel et touristique majeur, offrant aux visiteurs un témoignage vivant de l’histoire médiévale du Perche.

La collégiale Saint-Jean

L’Église Saint-Jean, située à proximité du château, était un édifice religieux étroitement lié à l’histoire de la seigneurie de Nogent-le-Rotrou. Fondée en 1094 par Geoffroy IV, elle servait à la fois de lieu de culte et de nécropole pour les seigneurs du Perche. Elle desservait un collège de chanoines réguliers. Selon Bart des Boulais, une chapelle dédiée à Saint-Jean-Baptiste et à Saint-Jean-l'Évangéliste aurait été détruite par les Normands au IXe siècle.

En 1194, la collégiale est dotée de nouvelles libéralités des Comtes du Perche, les charges du chapitre furent définitivement organisées. Le Chefcier, chargé de l'entretien du chœur de l'église (aussi appelé chevet) habitait depuis le XVe siècle le petit manoir proche de la Chevècerie, tandis que la plupart des chanoines logeaient dans de petites maisons établies depuis le XVIe le long du chemin de la Culbute. Le cerveau de Saint-Jean-Baptiste, rapporté lors des Croisades, leur aurait été confié (aujourd'hui conservé à l'église Notre-Dame).

Pendant la guerre de Cent Ans, vers 1424, un feu allumé par les Huguenots détruisit une partie de la collégiale et fît fondre les cloches. Réstaurée aux depens du Prince de Condé, elle devait fait l'objet de réparation aux XVIIe et XVIIIe siècles, mais fût abattue vers 1797-1798 par décision des révolutionnaires. Seuls les noms des rues, celles du Chapitre et de la Collégiale subsistent aujourd'hui.

La chapelle Saint-Étienne

A rédiger

[1]

Sources

  1. Cahiers Percherons, Le Château Saint-Jean de Nogent-le-Rotrou, Association des amis du Perche