Arcisses (abbaye)
L'Abbaye Notre-Dame-du-Val-d'Arcisses, était un monument religieux fondé au XIe siècle, sous l'ordre de St. Benoît, située dans la vallée de l'Arcisses, à environ 2 km du bourg de Brunelles. Il ne subsiste aujourd'hui que le moulin et la poterie.

Le manoir fut donné aux religieux de Thiron par le Comte Rotrou III. En 1225, Guillaume, Comte du Perche et Évêque de Châlons, en obtint la rétrocession de la part des religieux et y érigea une abbaye, Notre-Dame-du-val-d'Arcisses, qui suivait la règle de l'abbaye de Thiron.[1]
Au XVIIe siècle, l'abbaye de Thiron fût reformée, les moines d'Arcisses sont alors remplacés par des religieuses bénédictines, dont certaines étaient d'origine Irlandaise.
L'abbaye disparût après sept siècles d´existence, détruite lors de la révolution[1]. Des vestiges sont encore visibles aujourd'hui comme la porterie, un morceau de mur en pierre caché dans les bois plus haut, ainsi que les statues de St. Benoît, et de Ste. Scholastique, sa sœur.[2] Ces dernières ont été transportées dans l'église de Margon (placées autour de l'autel)[3].
Le monument était bordé par le ruisseau d'Arcisses et avait un moulin, toujours en état aujourd'hui : Le Moulin d'Arcisses.
Histoire
Du prieuré à l'abbaye
L'institution est fondée vers 1115 par Bernard de Thiron, grâce au don du comte Rotrou III d'un manoir à l'abbaye de Thiron. Elle commence comme un modeste prieuré avec une chapelle et une métairie, sous l'invocation de St. Vincent.
Entre 1120 et 1130 les moines d'Arcisses creusèrent le Canal d'Arcisses, ouvrage permettant d'alimenter les moulins de Nogent-le-Rotrou à partir des eaux du ruisseau éponyme.[4]
Le 8 septembre 1225, le comte du Perche Guillaume de Bellême, également évêque de Châlons en Champagne, élève le prieuré au rang d'abbaye sous le titre de Notre-Dame du Val d'Arcisses. Cette fondation est généreusement dotée pour permettre la construction d'une église et de bâtiments conventuels dignes de ce nom.
Au fil des siècles, l'abbaye connaît des périodes de prospérité et de déclin. En 1547, après avoir vu se succéder 18 abbés, elle tombe en commende, une pratique où les revenus de l'abbaye sont attribués à un abbé commendataire, souvent absent, ce qui marque le début de son déclin. Les guerres de Religion et les troubles du XVIe siècle affectent durement l'abbaye, réduisant la communauté à seulement deux moines en 1617.
La transformation en abbaye de religieuses
Face à cette situation désespérée, l'abbé Philippe de Blavette accepte une proposition de transformation de l'abbaye en un couvent de moniales, soutenue par le baron Denis de Riants, alors seigneur de Villeray, et son épouse Louise de Blavette. Leur fille, Françoise de Riants, devient la première abbesse de la nouvelle communauté de religieuses en 1627.
La transformation en abbaye de religieuses ouvre une période de relative sérénité. Pour l'anecdote, certaines des sœurs étaient originaires d'Irlande.
Françoise de Riants et ses successeurs, comme Jeanne de Chaumont, travaillent à la restauration et à l'entretien des bâtiments. À partir du 25 novembre 1667, de gros travaux de réparation sont entrepris, notamment sur l'église et les bâtiments agricoles, pour un coût important. Des travaux de pavage, de carrelage, de couverture et d'enduit sont réalisés. Plus de 50 000 pavés et 5 000 tuiles sont posés, 17 000 clous sont utilisés, des poutres et des portes sont remplacées. La porte de la basse-cour (actuelle porterie) est munie d'une toiture.
Malgré ces efforts, les difficultés financières persistent, avec des revenus annuels insuffisants pour couvrir les dépenses croissantes.
L'abbaye dans la tourmente
Au XVIIIe siècle, les problèmes s'aggravent. Les bâtiments, constamment exposés à l'humidité et aux intempéries, nécessitent des réparations coûteuses. Le 12 mars 1727, l'abbesse Jeanne Françoise Rossignol sollicite l'aide de la commission des secours, nouvellement instaurée par un arrêt du Conseil d'état du 19 avril 1727, pour financer des travaux urgents. Malgré les efforts de gestion et les aides ponctuelles, la situation financière de l'abbaye reste précaire.
Les derniers espoirs de sauvetage de l'abbaye reposent sur Jeanne-Baptiste de Lubersac, qui tente en 1784 de mener à bien des réparations majeures. Cependant, la Révolution française met un terme définitif à ces efforts.
En 1790, un décret de l'Assemblée nationale supprime les vœux monastiques solennels, et en 1792, les religieuses quittent l'abbaye. Les bâtiments, après le départ des religieuses, seront détruits, mais l'abbaye reste dans les mémoires pour son rôle historique et son héritage dans le Perche.
Reconversion en pisciculture
Au XXe siècle, la pisciculture Gau s'installe sur le site, profitant de l'abondance de truites dans les ruisseaux alentours (notamment La Cloche) pour en faire un élevage. Des bassins d'alevinage, dont il n'y a plus de traces visibles aujourd'hui, y avaient été creusés.
Le Moulin d'Arcisses
Le Moulin est bâti en pierre de taille, en grès, et en calcaire[5]. Il est toujours visible aujourd'hui, proche de la Porterie.
La Porterie
La Porterie est le seul bâtiment encore existant aujourd'hui (en dehors du moulin), dont les pignons sont accolés de bâtis destinés à gauche au logement des personnes chargées de veiller aux entrées, et à droite, de bâtis destinés à l'habitation et aux animaux - se compose en façade principale d'un rez-de-chaussée dont le soubassement est en pierre de taille de grès ferrugineux et moellon de grison, scellés par un joint épais.
La porte charretière et la porte piétonne surmontées d’arcs ogivaux reposent sur des piédroits en grès. L'étage carré possède un oculus (œil de bœuf) et une baie modifiée dont l'encadrement est surmontée d’un larmier orné d'un seul culot en demi-cercle et des piédroits moulurés . Le toit à longs pans et à croupes est souligné d'une corniche en quart-de-rond (évocation du 16e siècle).[2]

Sources
- ↑ 1,0 et 1,1 Histoire de l'abbaye d'Arcisses, Perche-Gouet.net
- ↑ 2,0 et 2,1 Histoire de Brunelles, Parc Naturel Régional du Perche
- ↑ L'Eglise Notre-Dame-du-Mont-Carmel de Margon, sur la plateforme ouverte du patrimoine
- ↑ "La Cloche", Martine JEAN et Patrick MOURON, page 107
- ↑ Bulletin d'information municipal de la commune d'Arcisses, n°12, Février 2023