Église Notre-Dame (Nogent-le-Rotrou)

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 Église Notre-Dame

Église Notre-Dame de Nogent-le-Rotrou, vue depuis la rue Villette-Gaté, avec l'ancien collège servant de presbytère à droite, le 12/08/2025
Construction XIIe siècle
Visite possible Oui
Propriété Commune de Nogent-le-Rotrou
Protection au titre des Monuments Historiques
Classé Oui
Inscrit Non
Objet de la protection 13/04/1907 : Nef - 8/03/1949 : Tombeau de Sully - 10/06/2020 : objets divers

L'église Notre-Dame de Nogent-le-Rotrou, initialement construite comme chapelle de l'Hôtel-Dieu en 1182, est un édifice religieux qui illustre la transition architecturale entre l'art roman et le gothique.

À l'origine, elle ne comportait qu'une seule nef et servait de lieu de culte et d'accueil pour les pèlerins en route vers Compostelle. Elle est devenue église paroissiale après la Révolution française, suite à la destruction de l'église Notre-Dame des Marais en 1798.

L'édifice est classé au titre des monuments historiques pour sa nef depuis le 13 avril 1907, pour le tombeau de Sully accolé à son chœur depuis le 8 mars 1949, et pour divers objets en son sein depuis le 10 juin 2020[1]. Il est toujours utilisé de nos jours pour célébrer le culte catholique.

Histoire

L'histoire de l'église Notre-Dame est étroitement liée à celle de l'Hôtel-Dieu de Nogent-le-Rotrou, fondé en 1182 par Rotrou IV, comte du Perche, avant son départ en croisade. La chapelle, dédiée à Saint-Jacques-le-Majeur, protecteur des pèlerins et des chevaliers, était un lieu de soin pour les âmes et les corps des pèlerins, des malades, des indigents, des orphelins et des femmes en couches.

Au Moyen Âge, la paroisse Notre-Dame comprenait également l'église Notre-Dame des Marais, édifiée aux XIIIe et XIVe siècles. Cependant, cette dernière fut entièrement détruite en 1798 pendant la Révolution française. Seule la chapelle de l'Hôtel-Dieu subsista et fut transformée en temple décadaire puis en temple de la raison durant la période révolutionnaire. Rendue au culte en 1802, elle devint l'église paroissiale sous le vocable de Notre-Dame.

Au XIXe siècle, l'église fut agrandie avec l'ajout de deux bas-côtés pour répondre aux besoins de la communauté des fidèles. En 1806, un échange de terrains permit l'agrandissement du côté septentrional, et en 1823, l'acquisition des anciens bâtiments du collège de Nogent-le-Rotrou permit l'agrandissement du côté sud. Les travaux des bas-côtés furent achevés en 1826.

L'église abrite par ailleurs le tombeau de Sully, ministre d'Henri IV, et de sa femme Rachel de Cochefilet. À la veille de sa mort, Sully demanda à être enterré dans la chapelle de l'Hôtel-Dieu, mais en raison de sa religion protestante, sa sépulture fut installée dans une chapelle funéraire accolée au chœur de l'église. Les statues de Sully et de sa femme, réalisées par le sculpteur Boudin, y sont toujours visibles[2][3].

Architecture

L'église Notre-Dame de Nogent-le-Rotrou présente une architecture marquée par différentes périodes de construction. La nef centrale, datant des XIIe et XIIIe siècles, servait à l'origine de chapelle à l'hôtel-Dieu. Les collatéraux, quant à eux, datent des XIVe et XVe siècles. La chapelle funéraire de Sully, accolée au chœur de l'église, date du XVIIe siècle.

L'église est dépourvue de clocher en raison de l'intransigeance des moines de Saint-Denis qui ne voulaient pas voir un édifice s'élever plus haut que le leur. Cependant, l'église possède deux cloches qui sonnent l'Angélus trois fois par jour.

Le portail occidental de l'église est un exemple de transition entre le style roman et le premier art gothique. La voussure est formée d'une triple archivolte décorée de motifs triangulaires ou losangés. Les piédroits sont formés de six colonnettes à chapiteaux sculptés de motifs feuillagés et d'un personnage fantastique. De part et d'autre du portail, deux petits dais abritaient autrefois des statues.

À l'intérieur, l'église abrite une superbe crèche en terre cuite polychrome, réalisée à la charnière des XVIe et XVIIe siècles, probablement par des artistes italiens venus à Nogent à la demande de la seconde femme de Sully. Cette crèche, qui a miraculeusement survécu à la tourmente révolutionnaire, comptait à l'origine 12 grands sujets, mais il n'en reste plus que 10, ainsi que les anges et l'enfant Jésus[4].

Vitraux

L'église Notre-Dame possède au moins treize vitraux illustrés, parmi lesquels trois datent du XIXe siècle et se trouvent dans le chœur, tandis que les dix autres, datant du XXe siècle, sont situés dans les collatéraux et la façade ouest.

Chœur

Les trois vitraux du chœur sont l’œuvre d'un atelier non identifié :

  • Baie 1 : Annonciation ;
  • Baie 0 : Remise du Rosaire à saint Dominique, Cérémonie de la bénédiction des Roses ;
  • Baie 2 : Assomption.

Mur nord

De gauche à droite, vus de l'intérieur :

  • Baie 11 : saint Michel terrassant le mal, Loire
  • Baie 9 : Jésus au jardin des oliviers, la Flagellation, Lorin ;
  • Baie 7 : Jésus présenté au temple, Jésus prêchant aux docteurs de la loi, Lorin ;
  • Baie 5 : Nativité, Lorin ;
  • Baie 3 : Marie rencontre sa cousine Elisabeth, Lorin ;

Mur sud

  • Baie 4 : Pentecôte, Lorin ;
  • Baie 6 : Ascension, Lorin ;
  • Baie 8 : Crucifixion, Résurrection, Lorin ;
  • Baie 10 : Ecce Homo, Portement de la Croix, Lorin ;
  • Baie 12 : sainte Jeanne d'Arc, Loire.

Les vitraux situés dans les collatéraux ont été créés en 1924 par Charles Lorin pour huit d'entre eux, tandis que les deux verrières de la façade ouest ont été réalisées par Gabriel Loire au milieu du XXe siècle[5].

Mobilier

Dans le bas-côté nord

  • Crèche ou groupe de la Nativité en terre cuite polychrome de 1604[6] :
    • Un ange (premier plan)
    • La Vierge (premier plan)
    • Jésus et l'ange (premier plan)
    • Saint Joseph (premier plan)
    • Un ange (premier plan)
    • Le roi David jouant de la lyre, avec les traits de Henri IV (second plan)
    • Moïse (second plan)
    • Un berger (second plan)
    • Le berger au bœuf (second plan)
    • Le berger à l'agneau (second plan)
    • Un grand ange doré (second plan)
    • Ézéchiel (second plan)
    • Le roi Salomon, avec les traits de Charles de Bourbon-Soissons (second plan)
    • Isaïe présentant une tablette avec : « Puer natus est nobis et filius datus est nobis » (second plan)

Dans le chœur

  • Statue en pierre de la Vierge à l'Enfant de la fin du XVe siècle, avec des traces de polychromie[7]
  • Reliquaire du chef de saint Jean-Baptiste[8]
  • Buste reliquaire de saint Adrien[9]
  • Buste reliquaire de saint Janvier[10]

Peintures

Dans la nef

  • Tableau anonyme du XVIIe siècle représentant la remise du Rosaire par la Vierge à saint Dominique et sainte Catherine de Sienne. Au second plan, les églises représentées seraient la collégiale Saint-Jean, les églises Notre-Dame-des-Marais et Saint-Denis, toutes trois disparues[11].

L'orgue

Les grandes orgues de l'église Notre-Dame, reconstruites en 1843, proviennent de l'ancien couvent des Oiseaux à Paris. Elles ont nécessité 5 000 heures de travail et sont un exemple remarquable de l'art de la facture d'orgues. L'orgue actuel, datant du XVIIIe siècle, a été restauré par Jean-Jacques Mounier en 1983. Il comporte trois claviers de 54, 54 et 35 notes, ainsi qu'un pédalier à la française de 30 notes. Les transmissions sont mécaniques, ce qui permet une grande précision et une sensibilité dans le jeu[12].

Photos

Intérieur de l'église Notre-Dame de Nogent-le-Rotrou (le chœur), le 12/08/2025
Intérieur de l'église Notre-Dame de Nogent-le-Rotrou (l'arrière de la nef et l'orgue), le 12/08/2025

Sources