« Hôtel-Dieu (Nogent-le-Rotrou) » : différence entre les versions
Aucun résumé des modifications |
Aucun résumé des modifications |
||
Ligne 1 : | Ligne 1 : | ||
'''L'Hôtel-dieu''' '''de Nogent-le-Rotrou''' est un ancien hospice, puis hôpital militaire et civil, construit entre le XVII<sup>e</sup> et la moitié du XX<sup>e</sup> siècle. Il est situé à l'angle des rue de Sully et Gouverneur, à côté de l'[[Église Notre-Dame (Nogent-le-Rotrou)|église Notre-Dame]]. Inscrit aux Monuments Historiques depuis 1992<ref name=":0">[https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00097243 ''Hôpital-hospice (ancien Hôtel-Dieu)'', Plateforme Ouverte du Patrimoine, base mérimée, notice n° PA00097243, Ministère de la Culture]</ref>, il est inoccupé depuis 2010, hormis le bâtiment | '''L'Hôtel-dieu''' '''de Nogent-le-Rotrou''' est un ancien hospice, puis hôpital militaire et civil, construit entre le XVII<sup>e</sup> et la moitié du XX<sup>e</sup> siècle. Il est situé à l'angle des rue de Sully et Gouverneur, à côté de l'[[Église Notre-Dame (Nogent-le-Rotrou)|église Notre-Dame]]. Inscrit aux Monuments Historiques depuis 1992<ref name=":0">[https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA00097243 ''Hôpital-hospice (ancien Hôtel-Dieu)'', Plateforme Ouverte du Patrimoine, base mérimée, notice n° PA00097243, Ministère de la Culture]</ref>, il est inoccupé depuis 2010, hormis le bâtiment au sud-est, devenu la maison de Santé. Néanmoins, la cour intérieure et le tombeau de Sully sont ouverts au public. | ||
[[Fichier:Hotel dieu face C.jpg|centré|vignette|618x618px|L'aile C de l'Hôtel-Dieu vue depuis la rue Gouverneur]] | [[Fichier:Hotel dieu face C.jpg|centré|vignette|618x618px|L'aile C de l'Hôtel-Dieu vue depuis la rue Gouverneur]] | ||
== Histoire == | == Histoire == | ||
L'Hôtel-Dieu fût fondé | L'Hôtel-Dieu fût fondé entre 1182 et 1190<ref name=":0" /><ref name=":3">[https://www.perche-gouet.net/histoire/index.php?commune=28280-05 ''Nogent-le-Rotrou Hôtel-Dieu'', Cercle de Recherches Généalogiques du Perche-Gouët]</ref> par Rotrou IV, compte du Perche, avant son départ pour la Terre-Sainte<ref name=":3" />, et son vassal le seigneur de Montdoucet. Elle fut rattachée à la paroisse de ''Notre-Dame-des-Marais.'' Une fontaine et un marché à proximité lui permettait de s'approvisionner en denrées essentielles<ref name=":1">[https://www.ville-nogentlerotrou.fr/wp-content/uploads/2019/07/Fiche-technique-du-site-de-lH%C3%B4tel-Dieu.pdf Fiche technique du site de l'Hôtel-Dieu dans le cadre du programme Action Coeur de Ville, Ville de Nogent-le-Rotrou] [[https://web.archive.org/web/20240229213807/https://www.ville-nogentlerotrou.fr/wp-content/uploads/2019/07/Fiche-technique-du-site-de-lH%C3%B4tel-Dieu.pdf archive]]</ref>. A cette époque, [[Nogent-le-Rotrou (commune)|Nogent-le-Rotrou]] est un lieu de passage sur le chemin vers ''Saint-Jacques-de-Compostelle''<ref name=":0" />. | ||
La charte de fondation, datée de l'époque de son départ, expose les motifs qui engagèrent le comte à élever cet asile. Voici le contenu de la Charte : <blockquote>''Au nom de la sainte et invisible trinité, moi, Rotrou, comte du Perche, et mes deux fils, Geoffroy et Guillaume, trésoriers de l'église de Tours, avons jugé convenable de transmettre à la postérité, par le témoignage de l'écriture, l'état des revenus de la Maison-Dieu de l'Aumône de Nogent, fondée pour le repos de l'âme de mon épouse Mathilde. Que tous sachent donc que moi, Rotrou, comte du Perche, ai donné à la susdite Maison-Dieu trois mesures de terre dans la paroisse de Saint-Aubin de Champrond, pour en jouir à perpétuité, franches et libres de toutes espèces de charges et redevances, comme j'en jouissais moi-même ; j'ai fait don au même établissement des églises d'Andiborne et de Gawberge. Cette charte est donnée à Nogent, l'an de N.S. 1190, le sixième du décès de la Comtesse Mathilde, époque du départ des rois et des barons pour Jérusalem.''</blockquote>Les deux églises étaient situées en Angleterre, dans le diocèse de Salisbury. Rotrou possédait dans ce royaume plusieurs riches domaines, qu'il tenait de Rotrou le Grand son père, fils de Béatrix de Roucy, proche parente du Comte de Salisbury. | |||
Le gouvernement de l'hospice fut confié aux soins des religieux Augustins, le supérieur prenant le titre de maître. Un bienfaiteur céda, peu de temps après la fondation de la Maison-Dieu, le patronage de la cure de L'Hermitière et celui d'une grande portion de celle de Préaux. | |||
L'hospice conserva pendant plus d'un siècle la jouissance des deux églises d'Angleterre. En 1290, ''Jean II'', duc de Bretagne, comte de Richmond, Seigneur de Nogent-le-Rotrou, voulant en gratifier les religieux du couvent d'Aubrières, ordre de Fontevrault, s'engagea à payer 100 livres par an, en dédommagement des cessions, en attendant le don de biens équivalents. | |||
En 1300, l'hospice reçu : | |||
* Une rente de 24 livres sur le monastère-prieuré de Moutiers-au-Perche. | |||
* La métairie des Touches à Brunelles; | |||
* La métairie de Valoré à Soizé; | |||
* La métairie de la Grange à Nonvilliers; | |||
* La métairie du Tertre à Coulonges-les-Sablons; | |||
* Les terres des Grandes et Petites Moutonnières à Saint-Germain-de-la-Coudre; | |||
* Le moulin du Bois à Saint-Victor-de-Buthon; | |||
En septembre 1302, Jean II donna également par testament, 30 livres, cinq cents cottes ou habits de bure, et cinq cents paires de souliers, pour être distribuées aux pauvres de ses domaines du Perche et de L'Aigle<ref name=":3" />. | |||
À la fin du Moyen-Âge, il n'est encore composé que d’un puit, d’un jardin et de trois bâtiments au minimum encerclés de murs. Il accueille les malades, les indigents, les vieillards, les infirmes, les enfants abandonnés et orphelins<ref name=":1" />. | À la fin du Moyen-Âge, il n'est encore composé que d’un puit, d’un jardin et de trois bâtiments au minimum encerclés de murs. Il accueille les malades, les indigents, les vieillards, les infirmes, les enfants abandonnés et orphelins<ref name=":1" />. | ||
Ligne 19 : | Ligne 37 : | ||
En 1933, est construite une maternité dans un nouveau bâtiment à part (le plus à l'est)<ref name=":0" />. | En 1933, est construite une maternité dans un nouveau bâtiment à part (le plus à l'est)<ref name=":0" />. | ||
Dans les années 1950 est construit le bâtiment E, dans le prolongement de l'aile A, accueillant un service de chirurgie. | Dans les années 1950 est construit le bâtiment E, dans le prolongement de l'aile A, accueillant un service de chirurgie ambulatoire. | ||
En 2003, la maternité ferme ses portes. | En 2003, la maternité ferme ses portes. | ||
Ligne 25 : | Ligne 43 : | ||
En 2010, l'activité de chirurgie et le centre de périnatalité sont déplacés au centre hospitalier Avenue de l'Europe. Les lieux sont alors inoccupés. | En 2010, l'activité de chirurgie et le centre de périnatalité sont déplacés au centre hospitalier Avenue de l'Europe. Les lieux sont alors inoccupés. | ||
A partir de 2014, l'ancienne maternité est | A partir de 2014, l'ancienne maternité est rénovée afin d'accueillir la maison de santé en 2017<ref name=":1" />. | ||
== Photos == | == Photos == |
Version du 1 mars 2024 à 00:07
L'Hôtel-dieu de Nogent-le-Rotrou est un ancien hospice, puis hôpital militaire et civil, construit entre le XVIIe et la moitié du XXe siècle. Il est situé à l'angle des rue de Sully et Gouverneur, à côté de l'église Notre-Dame. Inscrit aux Monuments Historiques depuis 1992[1], il est inoccupé depuis 2010, hormis le bâtiment au sud-est, devenu la maison de Santé. Néanmoins, la cour intérieure et le tombeau de Sully sont ouverts au public.

Histoire
L'Hôtel-Dieu fût fondé entre 1182 et 1190[1][2] par Rotrou IV, compte du Perche, avant son départ pour la Terre-Sainte[2], et son vassal le seigneur de Montdoucet. Elle fut rattachée à la paroisse de Notre-Dame-des-Marais. Une fontaine et un marché à proximité lui permettait de s'approvisionner en denrées essentielles[3]. A cette époque, Nogent-le-Rotrou est un lieu de passage sur le chemin vers Saint-Jacques-de-Compostelle[1].
La charte de fondation, datée de l'époque de son départ, expose les motifs qui engagèrent le comte à élever cet asile. Voici le contenu de la Charte :
Au nom de la sainte et invisible trinité, moi, Rotrou, comte du Perche, et mes deux fils, Geoffroy et Guillaume, trésoriers de l'église de Tours, avons jugé convenable de transmettre à la postérité, par le témoignage de l'écriture, l'état des revenus de la Maison-Dieu de l'Aumône de Nogent, fondée pour le repos de l'âme de mon épouse Mathilde. Que tous sachent donc que moi, Rotrou, comte du Perche, ai donné à la susdite Maison-Dieu trois mesures de terre dans la paroisse de Saint-Aubin de Champrond, pour en jouir à perpétuité, franches et libres de toutes espèces de charges et redevances, comme j'en jouissais moi-même ; j'ai fait don au même établissement des églises d'Andiborne et de Gawberge. Cette charte est donnée à Nogent, l'an de N.S. 1190, le sixième du décès de la Comtesse Mathilde, époque du départ des rois et des barons pour Jérusalem.
Les deux églises étaient situées en Angleterre, dans le diocèse de Salisbury. Rotrou possédait dans ce royaume plusieurs riches domaines, qu'il tenait de Rotrou le Grand son père, fils de Béatrix de Roucy, proche parente du Comte de Salisbury.
Le gouvernement de l'hospice fut confié aux soins des religieux Augustins, le supérieur prenant le titre de maître. Un bienfaiteur céda, peu de temps après la fondation de la Maison-Dieu, le patronage de la cure de L'Hermitière et celui d'une grande portion de celle de Préaux.
L'hospice conserva pendant plus d'un siècle la jouissance des deux églises d'Angleterre. En 1290, Jean II, duc de Bretagne, comte de Richmond, Seigneur de Nogent-le-Rotrou, voulant en gratifier les religieux du couvent d'Aubrières, ordre de Fontevrault, s'engagea à payer 100 livres par an, en dédommagement des cessions, en attendant le don de biens équivalents.
En 1300, l'hospice reçu :
- Une rente de 24 livres sur le monastère-prieuré de Moutiers-au-Perche.
- La métairie des Touches à Brunelles;
- La métairie de Valoré à Soizé;
- La métairie de la Grange à Nonvilliers;
- La métairie du Tertre à Coulonges-les-Sablons;
- Les terres des Grandes et Petites Moutonnières à Saint-Germain-de-la-Coudre;
- Le moulin du Bois à Saint-Victor-de-Buthon;
En septembre 1302, Jean II donna également par testament, 30 livres, cinq cents cottes ou habits de bure, et cinq cents paires de souliers, pour être distribuées aux pauvres de ses domaines du Perche et de L'Aigle[2].
À la fin du Moyen-Âge, il n'est encore composé que d’un puit, d’un jardin et de trois bâtiments au minimum encerclés de murs. Il accueille les malades, les indigents, les vieillards, les infirmes, les enfants abandonnés et orphelins[3].
Au XVIIe siècle, il était constitué d'une chapelle entourée de petites maisons indépendantes et séparées. En 1641, Maximilien de BÉTHUNE, duc de SULLY décide de s'y faire inhumer, en dehors de l'église, du fait de sa confession réformée. Rachel DE COCHEFILET, veuve du duc, fit alors élever un mausolée, couvert d'ardoise et agrémenté d'une branche de lys, qui abrite le tombeau et les priants, sculptés par BAUDIN. En 1643 fut commandée la construction du portail permettant d'y accéder.
De 1728 à 1732 fût construite la salle des hommes (aile A) à l'emplacement de la maison des Voûtes. A partir de 1772, la salle des femmes est élevée en contiguité. C'est dans ce bâtiment principal que fut placé l'oratoire particulier de l'hôtel-Dieu. L'aile B sur cour était occupée par la pharmacie et le dortoir des sœurs de Saint-Vincent de Paul, qui dirigeaient l'institution depuis 1672. Ce dernier fut agrandi en 1861.
En 1818 est créé un hospice pour vieillards, dit "hôpital des Bonshommes" (emplacement de l'aile C), entièrement reconstruit en 1861. Les travaux se poursuivirent jusqu'en 1866, sous la direction de l'architecte LEBART, pour augmenter d'un étage le corps principal et édifier un avant-corps à l'est pour les salles de bain alimentées en eau courante.
En 1868, élévation de la tourelle d'escalier sur la façade ouest.
Un hôpital militaire est créé en 1878, en partie dans l'aile D et dans l'aile sur rue.
En 1933, est construite une maternité dans un nouveau bâtiment à part (le plus à l'est)[1].
Dans les années 1950 est construit le bâtiment E, dans le prolongement de l'aile A, accueillant un service de chirurgie ambulatoire.
En 2003, la maternité ferme ses portes.
En 2010, l'activité de chirurgie et le centre de périnatalité sont déplacés au centre hospitalier Avenue de l'Europe. Les lieux sont alors inoccupés.
A partir de 2014, l'ancienne maternité est rénovée afin d'accueillir la maison de santé en 2017[3].
Photos
Hôtel-dieu





Mausolée du duc de Sully





Sources
- ↑ 1,0 1,1 1,2 et 1,3 Hôpital-hospice (ancien Hôtel-Dieu), Plateforme Ouverte du Patrimoine, base mérimée, notice n° PA00097243, Ministère de la Culture
- ↑ 2,0 2,1 et 2,2 Nogent-le-Rotrou Hôtel-Dieu, Cercle de Recherches Généalogiques du Perche-Gouët
- ↑ 3,0 3,1 3,2 et 3,3 Fiche technique du site de l'Hôtel-Dieu dans le cadre du programme Action Coeur de Ville, Ville de Nogent-le-Rotrou [archive]
- ↑ 4,0 4,1 4,2 4,3 4,4 4,5 et 4,6 Hôpital-hopice (ancien Hôtel-Dieu), série d'images de Benjamin SMITH, 01/01/2011, sous licence Creative Commons, Monumentum.fr
- ↑ Hôpital-hopice (ancien Hôtel-Dieu), série d'images de Fab5669, 06/06/2021, sous licence Creative Commons, Monumentum.fr